La « Femme Fatale »

 

Vamp. Dangereuse. Tentatrice… la Femme fatale est une des plus présentes dans le cinéma. Elle est belle. Elle est envoutante. Elle a le feu aux fesses et un cœur de glace. Elle siphonne le cerveau (entre autre) du héros et fait le tomber implacablement aux abysses.

C’est un pur produit de l’imaginaire phallocratique traditionnel et religieux. Parfaitement. Et toute les cultures y vont de leur archétypes. Dans la Bible, Eve fut la première femme fatale qui par sa faute condamna l’Humanité à la mortalité. Toute le Livre est parsemé de Jézabel, Salomé, Dalila et autre Reine de Sabbat qui feront tomber des empires par leurs ambitions et leur charmes. Chez les Gréco-Romain, les Mésopotamiens et les Egyptiens, les Femmes Fatales sont des héroïnes et des Déesses dangereuses qui incarnent l’Amour et la Passion: Hathor, Ishtar, Aphrodite, Circé… A la différence des premières du monde monothéiste, elles ne sont pas le Mal incarné, mais la Femme amoureuse, jalouse, violente, charmeuse malgré elle… Si Hélène s’enfuit avec Pâris, c’est à cause de la… Fatalité ! Chez les Scandinaves et les « Barbares » qui se christianisent au Moyen-âge, la Femme fatale est une enchanteresse, plus souvent maléfique que bénéfique, qui détourne le valeureux guerrier de son but vertueux d’aller occire l’ennemi. Avec le retour de l’antique à la Renaissance, on abandonne les sorcières pour des Femmes réelles mais diablement fantasmées comme la Reine Margot, la Montespan, la Pompadour, la du Barry et même Marie-Antoinette. Elles sont représentées comme perverses, extrêmement sensuelles, inspirées par le Diable ou les Empoisonneuses… Combien de fois n’as-t-on pas lu qu’elles étaient là aussi à la base des troubles des bons Roys de notre bonne France? Enfin dans le monde industriel, ce sont les ambitieuses bourgeoises, les cocottes des salons, les femmes exotiques issus des nouvelles colonies -quoique généralement représentées assez soumises- et naturellement les vicieuses révolutionnaires !

Pourquoi parler de cela dans une rubrique sur le cinéma ? Tout simplement parce que ce fascinant média a puisé à foison dans ce drôle de Répertoire, et ce dès ces débuts. Mais c’est Hollywood, bien naturellement, qui va poser les codes cinématographique de la Femme Fatale. A une époque où la voix n’existe pas à l’Ecran, c’est l’image qui fait un film. Et naturellement quoi de mieux pour plaire à un public avant tout masculin qu’une Femme ? Une vraie femme sublimée par la pellicule ? Une femme sensuelle jusqu’à la limite de la légalité ? Une femme dangereuse qui vous jette des œillades que si vous en faites des pareilles à un homme en face de vous, vous passerez pour une femme de petite vertu ??? L’arrivée du parlant ornera la Femme Fatale de voix graves et chaudes, à l’image de celle de Jessica Rabbit, (un magnifique hommage à ce genre). Elle connaitront leur âge d’or entre les années 1910 et 1950.

Au début du cinéma d’Hollywood, le nombre restreint d’acteurs font que chacun aura un rôle prédéterminé. Tandis que Mary Pickford incarnera la douce et délicate fiancé de l’Amérique, ce sera Theda Bara qui incarnera la première Vamp dans « Embrasse-moi, Idiot » en 1915. Le Mot « Vamp » est l’abréviation de Vampiress (femme vampire), désignant ouvertement la femme fatale comme un Vampire sexuel qui vide littéralement la conscience et la pudeur du héros.

Barbara Stanwick et Rita Hayworth sont les incarnation de la Femme du Film Noir des années 40 avec « Assurance sur la mort » et « la Dame de Shanghai » : une femme étrange, mystérieuse, diablement attirante par ses attraits et son comportement. De plus les deux se font passer pour victime de leur maris, et le comportement de ces derniers peut laisser présager qu’elle ne mente pas (ils sont vicieux, colérique, mauvais…) et le héros devient leur complice conscient de leur méfait.

A partir de la crise du Cinéma Classique des années 60, les archétypes traditionnels devront évoluer. Ainsi la Femme Fatale évoluera vers un personnage plus complexe, beaucoup moins manichéen, une anti-héroïne émancipée mis à part dans les films d’espionnages à la James Bond ou certaines séries TV. C’est d’ailleurs l’époque où le cinéma créera des femmes à plusieurs façettes, donc plus proche de la réalité.

A partir des années 80 elle est représentée dans les clip musicaux et dans les publicités car c’est un modèle qui fait vendre : attirance des hommes, envie des autres femmes de lui ressembler etc… Madonna, Britney Spears, Rihanna, Katty Perry puiserons allègrement dans ce registre !

Il est à noter que les actrices incarnant ce type de femme finirons très mal leur vie. Theda Barra, Mireille Balin (La Vamp à la Française), finirent seules et abandonnées et même Rita Hayworth, pourtant polyvalente, eut une fin de vie difficile…

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